L’Enseignement en langue arabe est une composante du système éducatif. Il est bien pris en charge par le Programme Décennal de l’Education et la Formation (PDEF). Mais il est à différencier avec l’éducation religieuse, l’autre composante qui a son crédit horaire si infime soit-il. Aux états généraux de l’éducation et de la formation, il a été retenu que l’éducation religieuse fait partie des réalités nationales devant être prises en compte par le système. Mais certains reprochent à l’Etat de n’avoir pas réellement appliqué les recommandations issues des états généraux ainsi que les directives de la loi d’orientation de 1991 sur la question. Vrai ou faux ? Ce qui semble sûr c’est que s’il y a la faille elle n’a rien à voir avec les financements que recevait le secteur auprès des Etats arabes ou de certains partenaires, selon Cheikh MBow de la Division de l’Enseignement au Ministère de l’éducation.
Pouvez-nous parler du Programme de développement pour l’éducation et la formation (Pdef) ? Le PDEF est un programme qui a comme objectif la réalisation de l’éducation pour tous. Il se décline en trois axes. Le premier c’est l’accès : C’est-à-dire faire en sorte que tous les enfants en âge d’aller à l’école soient enrôlés sans discrimination. L’objectif c’est que tous les enfants accèdent à l’école. Il faut que ces enfants, une fois à l’école puissent disposer d’enseignants de qualité, formés avec tous les supports nécessaires. D’où il faut des classes et des enseignants en nombre suffisant. Il y a ensuite la qualité des enseignements. Il faut faire en sorte que ceux qui sont censés enseigner aient une formation initiale et une formation continuée qui puissent les mettre d’être au diapason des nouvelles techniques d’enseignement. Il faut que les apprenants puissent disposer de manuels scolaires de qualité et en quantité suffisante. Il faut également qu’ils disposent d’autres supports adaptés aux nouvelles technologies de l’Information et de la Communication. Il y a enfin, la gestion. Il faut aussi que cette gestion soit une gestion efficiente. Autrement dit, que ce qui est mis à la disposition du système éducatif en termes de financement et de matériel puissent bénéficier au système. Qu’élèves et enseignants puissent se retrouver en cela et que la gestion de l’école soit une gestion concertée tant au niveau central que déconcentré. Justement, quelle est la place de l’enseignement arabe et religieux dans le PDEF ? C’est en août 2002 que nous avons tenu des Assises de l’enseignement Arabe et de l’éducation religieuse dans le pays. A ces Assises avaient pris part l’ensemble des associations islamiques, l’Archidiocèse, avec comme maître d’œuvre le Ministère d l’Education. L’objectif était de revoir les recommandations des états généraux de l’Education de 1981 qui demandaient à ce que l’éducation religieuse soit introduite dans le système. Malheureusement la Loi 91-22 qui est la loi d’orientation n’avait pas appliqué ces recommandations de 81. On s’est dit qu’il faut alors recentrer le débat sur la question. C’est seulement en la recentrant que nous parviendrons à introduire l’éducation religieuse dans le système éducatif pour mieux booster le Taux Brut de Scolarisation (Tbs). Nous sommes dans un pays qui est de façon générale un pays où les croyances religieuses sont une réalité. Or un système éducatif se construit sur la base des valeurs culturelles du pays. Nous sommes dans un pays qui a un passé de mille ans de civilisation musulmane. Je ne peux pas comprendre qu’un système éducatif se développe dans ce pays sans que l’on tienne compte de cet élément. C’est ce qui a été à l’origine de l’introduction de l’éducation religieuse dans le système éducatif public. Ça c’est une raison. Mais la véritable raison c’est parce qu’avant cette religion n’était pas introduite dans le système. L’offre d’éducation classique était souvent rejetée dans certaines zones. Si on parle de la région de Diourbel après 40 ans d’indépendance, on ne peut pas atteindre un Tbs de 40%, les régions de Kaolack, de Sédhiou, de Louga, ce sont des zones où les foyers religieux ont une autre perception de l’école qui était autre que celle de l’école classique. Ce faisant, il y a donc après 40 ans notre Tbs était aux alentours de 68,9%. Il fallait donc inverser la tendance en allant vers les populations s’enquérir de leur besoin en éducation et de formater le système à partir de ces éléments. Ce qui nous a permis d’introduire l’éducation religieuse dans le système. Quel est le taux de crédit qui est attribué à cet enseignement religieux ? L’enseignement arabe était enseigné dans l’école élémentaire depuis mais le crédit horaire était tellement insignifiant que cela ne permettait pas de développer un enseignement de qualité. Il a toujours varié entre 30mn et 1heure par semaine. On s’est dit donc au cours de ces Assises il faut que l’horaire soit porté à 4heures pour les écoles élémentaires (2heures pour l’enseignement de la langue Arabe et 2heures pour l’éducation religieuse). Parallèlement on s’est dit que ceci est une solution, mais il y a que beaucoup d’associations et de sénégalais qui souhaiteraient que leurs enfants fréquentent une école où l’horaire destiné à l’enseignement arabe et à l’éducation religieuse soit beaucoup plus consistante. C’est à cet effet que lors des Assises trois objectifs étaient fixés, le premier c’est l’introduction de l’éducation religieuse en augmentant son crédit horaire, ce qui est effectif maintenant. La création aussi d’un autre type d’école qui sera une école franco-arabe publique, une école bilingue où l’horaire destiné à l’enseignement arabe sera le même que pour l’éducation (14heures : arabe et éducation religieuse et 14heures pour le français et le calcul). Dans ces types d’écoles, l’élève apprend les Hadiths, le Coran, les Fikkh et en plus de cela il apprend la langue arabe et il fait également le français. Comment ils sont recrutés les enseignants ? Le recrutement pour le niveau élémentaire est fait sur la base d’un test ou d’un concours national. Il y a deux niveaux, celui du Brevet de fin d’études moyennes (BFEM) et celui du Baccalauréat. Ceux qui ont le Bac, après réussite à l’issue de la formation vont sortir avec un CAP, option arabe. Pour ceux qui ont le BFEM, ils se retrouvent avec un CEAP de la même option. Jusqu’en 2000, l’effectif des enseignants tournait autour de 1715 enseignants à l’école élémentaire publique, actuellement nous en sommes à plus de 5200. Il faut savoir qu’on a commencé à les expérimenter au niveau de ces écoles en 2002. Il y avait au total 12 classes réparties dans cinq régions : Kaolack, Diourbel, Louga Matam et Kolda. A l’heure actuelle, nous en sommes à 274 écoles publiques franco-arabes élémentaires. Présentement toutes les régions sont couvertes à l’exception de la région de Dakar où il n’y a pas écoles publiques franco-arabes. Mais il y’en a dans le privé et cela est un problème qui est surtout lié à l’octroi de terrain. Il y a beaucoup de demandes qui sont toutes demeurées non satisfaites. Les effectifs tournent autour de 38.500 élèves fréquentant ces écoles et qui suivent régulièrement les cours. Après six ans ils se présentent à l’Entrée en Sixième option Franco-arabe. Ils vont au collège et ils font quatre ans avant le Brevet de fin d’études moyennes, option Franco-arabe. Ils mettent trois ans avant de passer le Baccalauréat pour la même option. Il y a toutes les séries. Sur ce plan là le problème ne se pose plus. Pourquoi dit-on que l’enseignement arabe est en perte de vitesse au Sénégal parce que les pays arabes ne financent ce type d’enseignement? Honnêtement, je ne suis pas de cet avis. Certes, il y a des associations qui ont leurs partenaires ou qui sont soutenues par des Etats arabes ou par des Ong Islamiques. Cela existe et c’est une réalité sur le terrain. Il y a parallèlement à cela des chefs religieux qui croient à ce type d’enseignement et qui investissent leurs moyens pour créer des écoles. Toutes ces associations ou toutes ses familles religieuses investissent dans l’enseignement arabo-islamique. L’Etat aussi depuis 2002 a pris l’engagement de prendre en charge cet enseignement et à recruter beaucoup d’enseignants. L’Etat a construit beaucoup d’écoles et a appuyé beaucoup de centres d’enseignement arabo-islamique Quelles sont les perspectives dans le domaine de l’enseignement arabe ? La plus grande perspective, c’est la bataille de la qualité. Tout ce que nous voulons c’est d’installer la qualité dans ces écoles. Que les trois axes du Programme de Développement de l’Education et la Formation (PDEF) soit au top. Nous avons pris l’engagement d’inverser la tendance et de conformer notre offre éducative à la demande. Mais il faut aussi savoir que dans nos plans d’actions nous envisageons de créer des collèges et des lycées pour que ces enfants puissent continuer valablement leurs études jusqu’à l’obtention du Baccalauréat. Ainsi dans le Bci 2012, il est prévu la construction de cinq collèges financés par le gouvernement du Sénégal. Nous sommes disposés à construire des écoles franco-arabes publiques à Dakar. A chaque fois que la demande est réelle on peut recruter 40 à 45 enfants en âge d’aller à l’école. Mais il faut que les populations aient librement choisi ce type d’école et que la communauté puisse mettre à la disposition du système un terrain pour abriter l’école. Le ministère est disposé à faire fonctionner l’école. Parallèlement, toutes les écoles franco-arabes qui ont obtenu une reconnaissance de l’Etat sont subventionnées sur la base d’un financement de l’Etat Fenêtres : « Nous sommes dans un pays où les croyances religieuses sont une réalité ». « Les effectifs de l’enseignement en langue arabe tournent autour de 38.500 élèves qui suivent régulièrement les cours».
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