mendicité des enfants à Thies
MENDICITE DES TALIBES : Un fléau très présent à Thiès
Mercredi 11 Avril 2012
La mendicité des talibés est un fléau très présent à Thiès. Le centre-ville, la place de France, la devanture de la mairie, le marché central, la gare ferroviaire, les devantures des banques et les stations d’essence sont les endroits plus prisés par les jeunes talibés. Ils courent derrière les passants, se faufilent entre les véhicules pour recevoir des pièces de monnaie, quelques cubes de sucre, de la cola, des bijous, du riz, etc. Ni la sévérité et l’indifférence des gens, ni le soleil de plomb ne les décourage. Infatigables, ils sillonnent presque tous les quartiers de la ville, en quête d’une éventuelle pitance. Comme tous les talibés errant dans les rues, ces enfants sont vêtus en loques, les pieds nus, le visage crasseux, le corps plein de plaies. Ils sont en général originaires des pays limitrophes comme la Gambie. Le jeune talibé Ba, âgé d’une dizaine d’années, confie : «je viens de la Gambie, je suis à Thiès, depuis deux ans. Chaque matin, je quitte Darou pour faire le tour de la ville pour
mendier. Notre marabout nous demande 300 francs par jour. On ne rentre pas sans avoir cette somme». Rien n’est donné dans ce milieu de ces jeunes. Il ressemble même parfois à une véritable jungle. «Ce n’est pas facile, il arrive très souvent qu’on se bagarre dans la rue où que les plus grands nous attaquent pour nous chiper notre argent sans qu’on ait la possibilité de broncher». Son camarade, T. Ba visiblement plus jeune renseigne : «mes parents viennent aussi de la Gambie, je suis ici pour mendier et apprendre le Coran. On nous demande aussi 300 par jour». «Il arrive que je tombe malade et j’ai envie de rentrer chez moi, mais je dois rester ici», poursuit-il. «Ce n’est bon d’être talibé, on mange les restes des mets et on marche beaucoup pour avoir quelque chose», ajoute-t-il. Plus chanceux que ses autres camarades talibés, cet enfant originaire de la Casamance qui n’a pas encore la quinzaine soutient : «notre marabout est gentil, il nous demande juste 150 francs».
Mais confie-t-il, «quand je vois les enfants avec des beaux habits, je les envie beaucoup». M. Cissé n’a lui la tête qu’au football. Il joue même avec un vieux ballon de foot avec ses camarades. «Je suis originaire de la Gambie, j’habite à Grand Thiès» informe t-il les lèvres fendues par
l’air sec. Le rêve de M. Cissé est de «devenir un grand joueur de foot». Dans le groupe se trouve, Abdoulaye Mané, un talibé d’une vingtaine d’années. «Je suis venue de la Gambie, depuis des années. Ce sont mes parents qui m’ont envoyé ici à cause de la pauvreté».