SOS Talibés

Il compte et il recompte l'argent dans ses mains :  400F CFA, ce n'est pas encore assez, et s'il ne rapporte pas la somme entière, les 600F CFA qu'exige son maître coranique, il sait que les coups l'attendent et l'enfant a peur. Va-t-il fuir, ne pas rentrer, comme l'ont fait tant d'autres avant lui, mais ce ne sera que pour se retrouver à la rue, alors il repart, tendant la main, il a à peine 4 ans, c'est un talibé, un élève de l'école coranique. Il vient de Boune  à 15 km  environ de la ville de Dakar. Il quitte son daara (école Coranique) chaque jour à 5 heures du matin pour se rendre à la place de l'indépendance.

Ils sont quelque 8000 enfants à parcourir, chaque matin, les artères de la région de Dakar capital du sénégal.  La seule région de Dakar attire 30% des enfants talibés. Moyenne d'âge se situe autour de 11 ans la moitier d'entre eux n'a pas 10 ans et le plus jeune n'est âgé que de 2 ans.


La plupart des enfants talibés proviennent des pays limitrophes, notamment les deux Guinée, le Mali, et la Gambie. Ceux qui proviennent de la Guinée-Bissau sont à 30% des enfants talibés une situation préoccupante pour la sécurité de ces enfants.


Les maîtres, souvent, sont venus de la campagne avec leur talibés. Ils ne touchent rien pas  d'aide,  ni  financement pour l'entretien des enfants et sont censés les loger, les soigner et les nourrir.


Dans l'école de Babacar, une seule pièce abrite les élèves et seulement une vingtaine d'enfants peuvent s'y tenir. Les autres dorment dehors. Mais qu'apprennent-ils ?  Souvent, les enfants restent dans la rue de 5 heures du matin à 22 heures. Ils ne mangent pas à leur faim, et ils mangent mal.  Souvent, ils ne savent pas lire et régulièrement sont envoyés mendier. Alors ils décrochent. On les reconnaît à leur "mallette", la grosse boîte de conserve de tomates, coupée en deux qu'ils portent autour du cou et dans laquelle les gens glissent de la monnaie ou de la nourriture. Les enfants talibés ont la chance de susciter parfois l'apitoiement, à l'inverse des enfants des rues, considérés comme des voleurs et des drogués. Parfois ces enfants des rues se confondent avec les talibés pour échapper à cette situation.


Les autres villes du sénégal ne sont pas épargnées par la présence de ces enfants errants. On les voit aux carrefours, aux feux rouges, prés des restaurants, vêtus de haillons, la gale ou la teigne rongeant leurs membres et leur crâne souvent rasé.  D'après l'UNICEF, 45% d'entre eux sont des Peuls et des Toucouleurs; plus de la moitié viennent de Guinée-Bissau et 26% de la Casamance. 60% des marabouts véreux opèrant à Dakar, viennent de Bissau. Souvent ils viennent avec leurs talibés.  Les établissements coraniques,"daaras" , ont longtemps été une branche alternative au système éducatif officiel hérité de la colonisation française.


Trois confréries religieuses, les Tidjianes, les Mourides et les khadres, se partageaient des formations qui passaient par l'alphabétisation en Arabe, l'enseignement du Saint Coran et de ses valeurs et une formation professionnelle.  La mendicité (même s'il y a un débat doctrinal sur son enseignement et si certaines écoles la rejettent) faisait partie de cet enseignement pour apprendre l'humilité aux enfants :  ils devaient passer une heure par jour de maison en maison et rapporter de quoi manger.


Aujourd'hui la plupart des enfants talibés errant dans Dakar et les grandes villes du Sénégal y consacrent de huit à onze heures et même au delà.  Leur présence est la preuve d'une dérive de l'enseignement Coranique traditionnel.  Les parents envoient souvent leurs enfants dans les daaras, parfois en connaissance de cause, mais pas toujours. Dans certaines DAARAS ( écoles Coraniques), la mendicité est devenue le but premier. Certaines DAARAS ( écoles Coraniques) ont plus d'une soixaine d'élèves  :  à 600F CFA par jour et par talibé, le rapport est bon ! Quelquefois le vendredi, jour de prière, il faut rapporter 1000F CFA ! Sinon, le talibé est battu ou puni voir torturé.  " Une fois, je savais pas mes leçons, on m'a enchaîné tous les soirs pendant plusieurs semaines", raconte un ancien élève.  Les conditions dans lesquelles vient les enfants talibés sont hunimaines, c'est inacceptable.


Cette exploitation commence à remuer les foules. L'association SOS Talibés a été créée  (ASOST), pour mettre fin au scandale des enfants talibés mendiants. D'après moi les parents sont les premiers responsables mais aussi l'état du sénégal.  Ce que l'on peut remarquer pour ces enfants au travail, c'est que la raison principale évoquée est la pauvreté des familles à laquelle s'ajoutent les difficultés du système éducatif, la faiblesse des législations ainsi que d'autres raisons de type socioculturel.


L'éveil des consciences

 

 des enfants, des familles, des communautés, de la société civile, des décideurs politiques, des chefs religieux, des lesders communautaires est fondamental pour la réussite du retrait et la réinsertion des enfants talibés qui mendient en longueur de journée.


L'association SOS Talibés

continue sur le plaidoyer et la sensibilisation, l'information au sens large sur le sujet en vue de créer une vaste mobilisation sociale contre le travail nocif ou dangereux des enfants talibés mendiants

 

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Yahya SIDIBE
Président de l'association SOS TALIBES



25/08/2012
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